Elle sentait les baisers du garçon sur son ventre. Il n’avait pas été trop mauvais. Liz s’étira et gémit de plaisir. Elle n’avait jamais de mal à draguer, à se trouver un gars pour rentrer. Elle était bien dans son corps, n’hésitait pas à le montrer, notamment quand elle sortait. Et elle n’était pas du genre introverti. Elle aimait sortir, boire, et même planer. Oui, c’était mal, bla bla bla. Mais elle s’en moquait. Elle aimait s’amuser, et elle était jeune. Il fallait qu’elle en profite, ça n’allait pas durer. Et elle savait comment faire, pour en profiter. Elle allait en cours, parce qu’elle n’avait pas le choix. Mais il y avait des avantages à aller au lycée : les garçons. Et puis, il y avait des toilettes si elle voulait aller plus loin, pendant la journée. Et elle avait l’embarras du choix. Elle avait plein de gars autour d’elle. Mais pas d’amies. Parce qu’elle s’en moquait. Personne ne la connaissait vraiment. Et elle ne cherchait pas l’inverse. Elle était bien seule. Elle n’aimait pas les gens. Sauf certaines parties du corps.. chez les êtres de sexe masculin. Elle était intelligente. Elle ne laissait pas les autres s’approcher d’elle de trop près. Même pour les cours, elle n’avait pas besoin de réviser. Elle retenait bien ce qu’elle entendait, enfin, elle relisait ses notes mais elle n’avait pas besoin de passer des heures sur ses feuilles. Et elle savait faire en sorte d’obtenir ce qu’elle voulait. Le sport ? Pas besoin. Elle ne mangeait pas énormément. Et puis elle dépensait : en dansant et en sport en chambre…

Deux parents absents. Voilà avec qui elle vivait. Au départ évidemment, ils avaient été amoureux. Fous amoureux même. Mais bien vite, ils s’étaient éloignés, tout en restant mariés. Ils s’étaient plongés dans leur travail. Et avaient délaissés Lysabeth par la même occasion. Elle était née alors que la situation entre ses parents était déjà en train de se détériorer, et leurs proches avaient espéré que son arrivée arrangerait les choses. Mais non, ça n'améliora pas la situation. Au départ, elle avait eu une nourrice. Puis, comme elle était sage, intelligente et mature, ils avaient cessé d’employer une nounou et l’avaient laissée seule, alors qu'elle n'avait que onze ans. Ils partaient souvent en voyage d’affaire. Ce qui faisait qu’elle vivait seule chez elle la plupart du temps. Pas de frère ni de sœur. Elle était seule la plupart du temps. Elle recevait de l’argent pour vivre régulièrement, faisait ses courses, regardait la télé, lisait, et sortait. Et recevait. Pour la nuit, ou un peu moins que toute une nuit. Oui, parfois, elle avait envie d’être tranquille. Même petite, elle n’avait pas d’amis. Oh, des camarades de classe, mais pas de vrais amis. Elle était trop sage, n’aimait pas jouer, courir, elle préférait rester assise sur un banc, et regarder ce qu’il se passait. En grandissant, elle s’était attirée des sympathies, avait des camarades de classe, une bande avec laquelle elle sortait. Mais même si les autres pouvaient la considérer comme une amie, elle ne les considérait pas comme des amis. Ils ne connaissaient que ce qu’elle montrait. Et puis, un jour elle les quitterait. Elle irait à l'université et se ferait de nouveaux "amis"... Enfin, normalement. "Elle m'a souri. De ce regard qui la définit si bien et qui semblait dire "tu ne me connais pas et tu ne me connaitras jamais".

Elle se souvient de ce soir. Elle était à la soirée, enfin juste à côté. Elle avait vite trouvé un beau jeune homme de 19 ans, avait dansé collé-serré pendant une danse ou deux avec lui, avant de sortir dans le parc entourant le lieu de la fête. Ils s’étaient jetés l’un sur l’autre, avaient finis couchés sur le sol. Elle avait avalé une pilule et quelques verres de bière un peu plus tôt, comme d’habitude. Elle planait complètement. Elle se souvient juste d’être arrivée à la fête, d’y avoir retrouvé sa bande, d’avoir embrassé un gars, d’avoir couché avec. Ses souvenirs s’arrêtent là. Pour cette soirée, j’entends. Elle ne sait même plus comment elle est rentrée chez elle, mais elle a l’habitude. Elle a passé le reste du week-end seule, comme d’habitude. Et ça lui fit du bien, avec la gueule de bois qu’elle se payait. Elle avait l’impression que sa tête allait exploser. Elle était allongée sur son lit, n’ayant pas la force ni l’envie de bouger. Chaque mouvement qu’elle faisait lui donnait envie de vomir. Pourtant elle avait laissé son téléphone portable dans un coin de sa chambre. Et elle en avait besoin. Zut. Elle le fixa. Pourquoi donc était-il si loin ? Rahh. Elle n’avait pas le choix. Il n’allait pas bouger tout seul… Si seulement, pourtant. Et voilà qu’il bougea. Oh, il ne fit que trembler légèrement. Lysabeth crut à un tremblement de terre donc elle se redressa, trop vite pour sa tête, mais non, rien d’autre n’avait bougé. Elle fixa à nouveau son téléphone. Puis elle se dit qu’elle avait dû le mettre en mode vibreur. Et elle se remit à se dire que ce serait vachement cool s’il pouvait venir à elle. Et il se remit à bouger. Elle se força à se lever. Mais elle n’avait pas reçu ni message ni appel. Et il n’était pas en mode vibreur. Etrange. Elle descendit l’escalier, et s’installa dans le canapé, en se laissant tomber comme une masse. Mais elle avait oublié de prendre la télécommande. Elle laissa sa tête pencher vers l’arrière, dépitée. Elle la redressa et fixa la télécommande. Qui bougea. Elle sursauta et mit ses jambes sur le canapé. Que se passait-il donc ? A chaque fois qu’elle pensait à un objet… Oui, elle devenait folle ou alors elle rêvait, ou alors elle était encore sous l’influence de ce qu’elle avait pris la veille. Mais non. Elle fixa la télécommande et tendit la main, en se disant qu’elle devenait bel et bien folle. Mais celle-ci atterri dans sa main. Elle n’en crut pas ses yeux et passa le reste de la journée à réitérer. Son téléphone coopéra, la télécommande aussi, ainsi que plusieurs bics. Les plus petits objets donc. Elle… pouvait faire bouger les objets ! Il ne fallait pas qu’elle en parle. Même si c’était vachement cool. Elle n’avait pas envie de passer pour une bête de foire. C’était étrange cependant que ce soit apparu comme ça, tout d’un coup.